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26 janvier 2007

La Quarantaine a quelques côtés cruels…

Pour voir ce qu’est la Quarantaine, il suffit de franchir les portes de la galerie Norbert Pastor à Nice. Du 27 janvier au 17 mars, cette exposition regroupe les œuvres de trois artistes contemporains : Natacha Lesueur, Marie-Eve Mestre et Bruno Pelassy. Dessins, photographies, peintures ou encore installations, tout est à portée de vue dans cette galerie en vogue de la rue Valperga. Quarantaine, c’est la sixième exposition qui s’y déroule, en huit mois d’existence seulement.

Du trio, Natacha Lesueur est la plus connue. Elle a déjà, entre autres, exposé dans de nombreuses galeries, en Suisse, en Allemagne et en France bien sûr. Ici, elle présente des œuvres faites entre 2000 et 2005.

Parmi elles, des photographies d’hommes endormis. Sur eux, le sommeil paraît doux et enjoliveur, leur laissant au visage des traces de fleurs, de plumes ou de feuilles. Pour elle, le corps est une surface d’inscription, tant pour ces plantes qui s’immiscent sur les dormeurs, que ces traces de tasses sur le corps, nu, d’un autre jeune homme. Quarantaine, c’est le nom d’une de ses photographies. Un homme torse nu, avec un casque sur la tête. Il est jeune, la quarantaine, ça n’est pas son âge. C’est plutôt la trace rouge, une brûlure, qu’il a sur la moitié supérieure de son corps, la trace de l’isolement, l’exclusion.

Natacha Lesueur a aussi un vilain péché… Elle joue avec la nourriture. Sur le casque de l’homme, le mot Quarantaine est inscrit à partir de glace royale, déposée avec un cornet de pâtissier. Sur un autre cliché, des lunettes noires sont recouvertes de crème bleue et rose, à la façon d’une bombe de carnaval.

Art sexuel

Mais l’exposition a aussi un côté sexuel. Cette facette, c’est Marie-Eve Mestre qui l’apporte. De nombreux dessins à l’encre sur papier représentent des femmes dans des positions aucunement ambiguës. Une d’entre elle se masturbe d’une main, la seconde se reposant sur un squelette de crâne. Une autre représentation est celle d’une petite fille, assise sur un lit, les jambes écartées, et fixant l’observateur droit dans les yeux. Dans chacun des ces dessins, les personnages portent des masques. C’est la façon de l’artiste d’intégrer la tendance de notre société à la chirurgie esthétique. Les fonds des dessins ressemblent parfois à des seins représentés juste par un cercle et un point au centre. Ces encres sur papier sont très précises, les formes sont belles et détaillées.

Collages cruels

Côté cruel de la Quarantaine aussi. Dans un premier temps dans les cadres Marie-Eve Mestre qui sont des collages effectués sur des dessins tirés des histoires de Martine (Marlier). Deux petites filles jouent au tennis avec une tête d’homme, un chien se retrouve avec un menton humain. Martine lèche, avec sa nouvelle langue, la bouche d’un de ses petits camarades qui, lui, se voit doté d’un nouveau regard, vicieux.

Bruno Pelassy apporte aussi son grain de sel dans ces références « gores » de l’exposition. Des têtes d’hommes et de femmes, chacune atrophiée. Un œil en moins, un morceau de bouche mangé, la moitié d’un nez disparue...Ces dessins-là sont, pour le coup, beaucoup plus simplistes. Juste du crayon sur une feuille, pas de fond. Ces têtes auraient pu être dessinées par un adolescent faisant l’apologie de la laideur et de l’anomalie. Bruno Pelassy, c’est aussi plusieurs réalisations à bases de perles de verre et de cristal. Des colliers qui entourent des bras de velours, une couronne sur la tête d’un renne empaillé…

On l’aura compris, ce n’est pas parce que leur art se ressemble que Natacha Lesueur, Marie-Eve Mestre et Bernard Pelassy sont tous les trois réunis dans cette galerie. Ces artistes se sont connus, et cette exposition, c’est le moyen pour Norbert Pastor, de rendre hommage à Bruno Pelassy, mort en 2002. Sans cette fin précoce, il aurait 40 ans en ce moment. Une explication du titre de l’exposition ? Peut-être une de plus. En tout cas, la Quarantaine est faite de strass, sexe et cruauté.

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